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[Tribune] Où sont passées les femmes dans le numérique ?

Les femmes dans le numérique représentent 33% des effectifs, dont 75% à des fonctions supports. Ce sont les chiffres publiés par les Digital Ladies dans leur livre blanc « Mixité et performance numérique1 » en mars 2019.

Numérique : 33% des femmes y sont représentées

L’éducation joue un rôle clé : à la maison mais aussi à l’école et plus globalement au sein de la société.

Nous avons tendance à genrer les métiers et donc à limiter nos enfants en orientant leurs choix. Cela se joue très tôt, notamment dans la sélection des jouets et des activités que nous leur proposons, même si les choses changent peu à peu. Il n’y a aucune prédisposition génétique à faire du développement informatique chez les garçons mais plutôt un conditionnement des parents, de l’école, de la société, qui amène les petits garçons à se projeter plus facilement dans ce type de carrière. Cela se reflète par le manque de femmes dans les filières scientifiques (38%) et dans les écoles d’ingénieurs (28%)** ***.

Si les filles se projettent moins dans ces métiers-là, c’est aussi car historiquement il y a une sous-représentation des femmes et donc un manque de Rôles Modèles. En effet, les figures masculines et emblématiques dans le numérique sont nombreuses (Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Xavier Niel…) et disposent d’une formidable notoriété.
Cependant, la tendance évolue, il y a énormément de femmes talentueuses dans le numérique, en Francenotamment, qui sont de plus en plus connues et reconnues : Bénédicte de Raphélis Soissan, Roxanne Varza, Céline Lazorthes, Marjolaine Grondin, Aurélie Jean, Fleur Pellerin… Je suis convaincue que si nous continuons de les mettre à l’honneur et de leur donner la parole, elles vont inspirer de nombreuses petites filles et jeunes femmes.

La sous représentation engendre un déséquilibre de performance

C’est un problème parce que la technologie est un vecteur de transformation fort au sein de la société, parce qu’elle permet d’écrire l’avenir et de produire des solutions qui seront utilisées demain par toutes et tous dans de nombreux domaines. Ces solutions doivent être pensées et construites par des hommes ET des femmes pour être représentatives de la société, performantes car challengées par des points de vue différents, pour qu’elles induisent le moins possible de biais et qu’elles soient justes. Il me semble que c’est un vecteur fort de l’égalité homme-femme dans le monde d’aujourd’hui et de demain.

Par ailleurs, les équipes mixtes et issues de la diversité sont plus performantes.
Dans son étude Women Matter****, Mc Kinsey démontre qu’il y a une corrélation entre la mixité dans les comités de direction et la performance financière des entreprises. Dans une autre étude*****, le MIT démontre que l’intelligence collective d’un groupe dépend de l’intelligence émotionnelle du groupe. Les femmes démontrant dans ces domaines des capacités supérieures à celles des hommes, c’est dans les groupes où le nombre de femmes est le plus important que l’intelligence collective peut davantage porter ses fruits. C’est donc devenu un avantage concurrentiel d’arriver à attirer des femmes lorsqu’elles sont sous-représentées, et donc notamment dans les environnements et/ou à des postes Digitaux / Technologiques.

Quel impact pour le recrutement dans les entreprises ?

En tant que professionnelle du talent management, j’accompagne mes clients dans l’identification et la sélection de talents sur ces fonctions.

Bonne nouvelle, les entreprises sont prêtes et ont même hâte d’accueillir davantage de femmes dans les fonctions Digitales & Technologie, notamment à des fonctions de direction (CIO, CTO, CDO…), dans tous les secteurs d’activité (industrie, luxe, assurance, …). La principale raison évoquée est d’apporter de la mixité dans les équipes, voire d’atteindre la parité.

Cependant, en France, la loi nous interdit de faire de la discrimination positive dans les entreprises (à l’exception des mandats d’administrateurs dans les conseils d’administration) : le code pénal et le code du travail sont dotés de plusieurs lois visant à rétablir l’égalité des chances lors du processus de recrutement ; 24 critères de discrimination sont distingués dont, le genre.
Qu’ils soient hommes ou femmes, nous évaluons le savoir-être et le savoir-faire des candidats et sélectionnons les meilleurs talents pour nos clients en fonction de leurs compétences. Il faut donc plus de femmes engagées dans les processus de recrutement pour augmenter le nombre de femmes recrutées à ces postes.

Les postes de direction dans le numérique

Pour conclure, mon point de vue c’est qu’aujourd’hui il n’y a plus de discrimination envers les femmes sur ce type de poste, au contraire, elles sont recherchées. Si les entreprises semblent convaincues, le défi est donc ailleurs : dans notre capacité à donner envie aux femmes de s’inscrire dans des carrières de ce type, dès leur plus jeune âge.

 

Linkedin Julia Lévy 
Julia Lévy, Consultante Executive Search Technologie Digital Innovation chez Lincoln

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Sources et références

1/ Livre blanc « Mixité et performance numérique », Digital ladies, 2019 
2/ INSEE, 2016 
3/ Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, 2017 
4/ Etude « Women Matter », Mc Kinsey, 2010 
5/ Etude « Putting heads together », MIT, 2010